Coupe du Monde d’Innsbruck : Janja Garnbret et Sascha Lehmann en or en difficulté, Mejdi Schalck 5e
Après les victoires de Sorato Anraku et Janja Garnbret en bloc, la Coupe du Monde d’Innsbruck s’est achevée sur l’épreuve de difficulté où la grande favorite Janja Garnbret et le pur spécialiste de la discipline Sascha Lehmann se sont imposés. Côté français, Hélène Janicot et Mejdi Schalck ont réussi à intégrer la finale face à une concurrence extrêmement dense, ils terminent respectivement 8e et 5e. Retour sur le premier grand rendez-vous de la saison en difficulté.
Chez les femmes : Janja Garnbret impériale malgré la concurrence
Que la double victoire de Janja en bloc et difficulté ne nous induise pas en erreur ; depuis deux ans, la donne a changé et la scène féminine s’est densifiée comme jamais. Certes la Slovène a réussi à écraser la concurrence en finale dans l’une et l’autre des deux discipline (elle a flashé les 4 passages en bloc contre seulement deux tops pour sa dauphine et elle met 6 prises à la seconde en difficulté), mais si cela démontre qu’elle est toujours au-dessus de ses adversaires en compétition, ça ne reflète pas pour autant la réalité de la situation. La preuve : en bloc comme en difficulté, la reine n’a pas gagné les demi-finales ; elle n’a même fait à chaque fois que 3e, devancée par Brooke Raboutou et Miho Nonaka en bloc, et par Seo Chaehyun et Ai Mori en difficulté. Ces deux dernières, n’ont d’ailleurs pas pu pleinement s’exprimer sur la finale, puisque Seo (4e) s’est emmêlé les pinceaux au premier crux de la voie en voulant éviter une prise de risque, tandis qu’Ai (2e) est tombée avant d’être à bout de rési, sur un pas de bloc que Janja avait passé à l’aide d’un coincement de genou. Rappelons qu’Ai l’avait tout de même battue 3 fois l’année dernière dans la discipline !
Ainsi, en bloc comme en difficulté, Janja reste la plus forte, mais elle n’est plus invincible et plusieurs femmes sont en embuscade pour profiter de la moindre baisse de régime de la Slovène. Sur une voie de pure résistance sans crux marqué, Ai Mori et Seo Chaehyun peuvent la battre. Sur une finale de bloc où le passage le plus dur est une dalle, elle peut également perdre à la régulière, nous l’avons vu à Prague, pour notre plus grand plaisir, puisque c’est une Française, Oriane Bertone, qui l’avait devancée !
Côté tricolores, déception en finale pour Hélène Janicot qui a zippé en début de voie, mais satisfaction pour avoir réussi à se qualifier en finale face à une concurrence très relevée. On regrettera aussi de n’avoir pas vu Manon Hily, piégée dans une séquence compliquée en demi-finale, montrer son vrai visage. Notons toutefois le retour intéressant de Julia Chanourdie, 15e et encore loin de l’expression de son plein potentiel mais tout de même compétitive ; on peut raisonnablement espérer la retrouver en finale de Coupe du Monde cette saison.
Deux stars remarquées
Bien qu’aucune des deux n’ait été en finale, deux participantes se sont faites remarquer à Innsbruck. L’Iranienne Elnaz Rekabi d’abord, qui, on s’en souvient, avait été inquiété par les autorités de son pays pour avoir concouru sans Hijab, ce qui avait mis en émois le petit monde de l’escalade et plus largement toute la communauté sportive internationale. C’est donc avec beaucoup de plaisir que nous l’avons retrouvée sur cette étape (43e), manifestement en bonne santé et motivée pour tenter le coup à fond pour une qualification olympique.
Autre présence marquante, celle de la légende coréenne Jain Kim (29 victoires en Coupe du Monde), de retour sur le circuit après avoir eu un bébé, et qui, suite à des résultats plutôt moyens en bloc, est venu à Innsbruck pour faire bien plus que de la figuration en difficulté puisqu’elle a terminé à la 11e place, aux portes de la finale, avec, on le sentait, encore des mouvements sous le coude. À suivre sur les prochaines étapes.
Chez les hommes : les spécialistes de la difficulté toujours devant, mais de justesse
Si le podium masculin se compose exclusivement de spécialistes de la difficulté - Sascha Lehmann à la première place, Alex Megos à la seconde et le local Jakob Schubert à la troisième, il faut noter que les bloqueurs sont en embuscade, juste derrière, aux quatrième (Sorato Anraku) et cinquième (Mejdi Schalck) places. Sorato (16 ans) et Mejdi (19 ans), tous deux médaillés d’or en bloc cette année, prouvent ainsi qu’ils sont plus que compétitifs dans la perspective d’un combiné bloc/diff. D’autant qu’en difficulté, le niveau est cette année incroyablement relevé, en témoignent les propos tenus par Alex Megos sur instagram suite à sa deuxième place : « Je crois qu’il n’a jamais été aussi dur de rentrer en finale d’une Coupe du Monde de diff. La concurrence avec les jeunes qui arrivent est particulièrement rude, et la moindre erreur en demi-finale peut être fatale. Pour se qualifier en finale, tout doit se passer à la perfection, et pour faire podium, il faut non seulement faire une grosse perf, mais en plus avoir un petit peu de chance : tous les finalistes se sont tenus en 4 mouvements. »
Ce commentaire très instructif de la superstar allemande permet ainsi de prendre la mesure non seulement de la performance majuscule du Suisse Sasha Lehmann, qui a réussi à gagner à la fois la demi et la finale, mais aussi de la valeur de cette 5e place pour notre Mejdi national. D’autant qu’en finale, dans les mouvements précédent sa chute, on l’a vu perdre un peu d’énergie et surforcer sur certains mouvements, preuve qu’il était tout à fait envisageable pour lui d’aller chercher ce petit mouv’ supplémentaire synonyme de podium.
Les autres grimpeurs français n’auront pas en revanche réussi à s’exprimer pleinement sur cette étape. Paul Jenft, plutôt bien parti sur sa demi-finale, a malheureusement zippé à la mi-voie, tandis que le Champion de France Nao Monchois, encore en rodage sur ce premier rendez-vous international, a terminé à une décevante 30e place compte tenu du très bon état de forme affiché à l’échelon national. Rendez-vous dans 10 jours à Villars pour la suite du feuilleton !
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